Des chercheurs de l’Institut Sophia Agrobiotech du centre Inra PACA ont découvert qu’une souche particulière d’un champignon est en mesure de bloquer le développement des oomycètes, parasites de plantes et d’animaux, à l’origine de maladies particulièrement dévastatrices. La molécule produite par ce champignon résulte d’un mécanisme de défense propre au champignon. Elle offre une piste sérieuse pour être utilisée comme une solution de biocontrôle alternative à des traitements chimiques.
Recourir au biocontrôle pour lutterontre les oomycètes
Les oomycètes, anciennement classés avec les champignons, sont des microorganismes aquatiques proches des algues brunes qui parasitent les plantes et les animaux. Vecteurs de maladies des cultures telles que les fontes des semis ou les mildious sur pomme de terre et vigne, ils provoquent également des maladies chez les crustacés et les poissons, notamment dans les écloseries de saumons. Les oomycètes constituent ainsi une menace sérieuse pour l’agriculture et l’aquaculture. Afin de limiter les dégâts occasionnés par ces organismes, nous avons généralement recours aux pesticides.
Depuis le lancement du plan Ecophyto et l’interdiction programmée des matières actives comme le sulfate de cuivre, différentes solutions alternatives sont en phase de mise au point, notamment par des approches de biocontrôle ayant recours à des organismes vivants ou à des substances naturelles. L’usage de microorganismes constitue une des quatre familles de produits du biocontrôle, référencées par le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. Ces microbes auxiliaires peuvent être durablement efficaces dans la mesure où ils sont en constante interaction avec les agents pathogènes. De manière générale, l’étude des interactions oomycètes-microbiome (1) constitue une source majeure de connaissances pour identifier les éléments qui favorisent ou stoppent la progression des maladies des plantes.
Un champignon comme oomycide
La souche «Y3» (Ascomycota sp.) est un champignon qui inhibe la croissance des oomycètes. Elle produit un principe actif dans le milieu ambiant, dont les propriétés se révèlent oomycides dès une faible dose. Cette molécule, produite principalement lorsque le champignon sporule, exprimerait un mécanisme de défense de l’ascomycète, participant à son immunité innée. Elle possède des propriétés oomycides efficaces sur tous les oomycètes étudiés, quelle que soit leur nature et leur hôte végétal ou animal.
Les études menées par les chercheurs montrent que la molécule est très efficace sur les oomycètes. On observe jusqu’à 100% de mortalité dès 1 mg/L. Elle présente également une activité bactéricide et fongicide, mais à des concentrations 20 à 50 fois plus élevées. Elle pourrait ainsi constituer une alternative naturelle aux produits phytosanitaires actuellement utilisés et renforcer l’arsenal des produits de biocontrôle.
(1) Aire de vie de l’ensemble des microorganismes durablement adaptés à la surface et à l’intérieur d’un organisme vivant.
RÉFÉRENCES
Brevet :
•Galiana E., Ponchet M., Marais A. (2011) Brevet N° WO/2011/110758. Traitement des végétaux contre lʹinfection par des oomycètes.
Publication :
Collaboration :
•Marc Gaysinski, Lionel Massi et Mohamed Mehiri, Institut de Chimie de Nice.