
« Les produits mis en œuvre le 5 mai 2014 sont des produits autorisés, [...] régulièrement utilisés contre l’oïdium et le mildiou, leur emploi n’étant cependant possible que si les conditions météorologiques le permettent, en particulier la vitesse du vent » vient de conclure l'enquête ouverte suite à l'intoxication des écoliers de Villeneuve-de-Blaye. Il est fort à parier que cette péroraison ne suffira pas à clore le débat sur le vivre ensemble qui anime le vignoble français depuis. Pour le nouveau directeur régional de l'Agriculture d'Aquitaine (DRAAF), François Projetti, cet incident restera le révélateur d'une interrogation « sur le vivre ensemble : comment concilier protection des cultures et de la population ? » Lors de la dernière assemblée générale du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, qu'il préside, le viticulteur Bernard Farges soulignait que « oui, nous sommes une activité économique. Devons-nous nous en excuser ? » et de marteler : « Devons-nous nous excuser d'occuper et de cultiver notre territoire ? Non, sûrement pas ! » Il a également rejeté au passage l'idée d'une omerta des professionnels sur la question des traitements phytosanitaires, soulignant que « la filière des vins de Bordeaux travaille depuis des décennies à réduire ses impacts sur l'environnement. S'il y a une omerta, c'est celle-ci. »
Porte-parole de la Confédération Paysanne, la vigneronne Claire Laval (château Gombaude Guillot à Pomerol) a réagi en taclant le Système de Management Environnemental du CIVB (« chouette concept, d'où que l'on parte il y a toujours une amélioration ») et en regrettant que la filière ne parle pas ouvertement de « la question essentielle des pesticides : la nature de ce qui est épandu. Le soufre cause des irritations, le Folpel est cancérigène ! » Ce à quoi Bernard Farges a rétorqué que « nous n'utilisons que des produits homologués, le vrai sujet c'est lorsqu'ils sont mal utilisés ». Débat déjà bien balisé (cliquer ici pour vous en convaincre), que n'a pas alimenté le viticulteur Patrick Vasseur, vice-président FDSEA de la chambre d'agriculture de Gironde (et responsable du plan régional Ecophyto). Il estime que s'il est « nécessaire d'accélérer l'amélioration des pratiques, il ne faut pas risquer de sortir du virage. La problématique des épandages devient de plus en plus administrative, or il faut tout faire pour que les viticulteurs conservent la possibilité de travailler. » En Aquitaine, un arrêté préfectoral a déjà mis en place, en guise de prévention, des horaires de traitement s'adaptant à la présence de sites sensibles. Ce 21 juillet, le Sénat a adopté en deuxième lecture le projet de loi d’avenir pour l’Agriculture, dont l'amendement n°98 « permet à l’autorité administrative d'encadrer les dispositifs et techniques visant à limiter la dérive ou l’entraînement des produits phytosanitaires hors des parcelles traitées » (cliquer ici pour en savoir plus).
[Photo : à gauche, Patrick Vasseur, Bernard Bouchon (Coordination Rurale) et Claire Laval ce lundi lors de l'assemblée générale du CIVB]