Peñarrubia-María E., Quilici S., Schmitt C., Escudero-Colomar L.A., 2014. Evaluation of candidate systems for mass trapping against Ceratitis spp. on La Réunion island. Pest Management Science , 70 : 448-453. Doi : 10.1002/ps.3591
Des plants de maïs pour piéger les mouches des légumes
Comment les producteurs de mangues pourraient-ils se passer des fourmis tisserandes !
Serge Quilici
Saint-Pierre, Réunion
Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical (UMR PVBMT)
07/2014
A la Réunion, les chercheurs du Cirad et leurs partenaires espagnols ont contribué à la mise au point d’un système de piégeage de masse des femelles pour deux espèces de mouches des fruits, Ceratitis rosa et C. capitata, particulièrement dévastatrices. Le système, qui combine un piège, un attractif pour femelles et une quantité minime d’insecticide, est facile à utiliser et aussi efficace que les méthodes classiques de lutte sans en présenter les inconvénients. Il est idéal pour protéger les vergers d’agrumes de moyenne et de haute altitude.
A la Réunion, trois espèces de mouches (Diptera : Tephritidae) polyphages occasionnent d’importants dégâts sur les cultures fruitières comme les agrumes, le manguier et le pêcher : la mouche du Natal (Ceratitis rosa), la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata) et la mouche de la pêche (Bactrocera zonata). Pour gérer leurs populations, le piégeage de masse des femelles peut représenter une alternative intéressante, pour peu que l’on dispose de systèmes suffisamment efficaces.
Les chercheurs du Cirad s’intéressent plus particulièrement aux deux espèces de Ceratitis, pour lesquelles on dispose d’attractifs prometteurs pour les femelles. En collaboration avec leurs collègues espagnols, ils ont donc cherché à optimiser les différents composants d’un système de piégeage de masse pour la capture des deux espèces : le piège lui-même, l’attractif pour femelles, l’insecticide et leur association au sein du système complet de piégeage. Ils ont ainsi réalisé des essais en vergers d’agrumes à la Réunion, qui leur ont permis de comparer ces composants et leurs combinaisons.
Des trois modèles de pièges testés, les pièges Maxitrap et Tephritrap se sont révélés les plus efficaces pour les deux espèces et nettement supérieurs au piège Easytrap.
Pour les attractifs, deux formulations de l’attractif Biolure, Biolure-medfly et Biolure-unipak, se sont montrées les plus efficaces pour les femelles de C. rosa.
Quant aux systèmes de piégeage, les deux combinaisons piège-attractif les plus efficaces pour les deux espèces sont le Maxitrap-Ferag CC D TM et le Tephritrap-Biolure-unipak, munis d’une plaquette de dichlorvos. Des plaquettes insecticides à base de deltaméthrine peuvent remplacer celles de dichlorvos, une matière active maintenant interdite en Europe. Elles donnent de très bons résultats, presque équivalents à ceux du dichlorvos.
Dans les essais menés en vergers d’agrumes à la Réunion, avec 80 pièges à l’hectare, le système de piégeage de masse des femelles est aussi efficace que les traitements classiques par taches, qui associent un attractif alimentaire au spinosad (produit commercial : Syneis-appât).
Avec d’autres essais réalisés notamment par l’Areflec en Corse, ces travaux sont venus étayer le dossier d’homologation d’un système de piégeage de masse des mouches des fruits sur les cultures tropicales : le Ceratipack, de la société SEDQ.
Celui-ci comprend un attractif proche du Biolure (acétate d’ammonium, chlorhydrate de triméthylamine, 1,5 diamino-pentane), dans un piège dont le couvercle est imprégné de deltaméthrine. Un autre système de piégeage voisin, le Decistrap de la société Bayer, a également été homologué pour cet usage.
Ces travaux permettent aujourd’hui de proposer aux agriculteurs une méthode de gestion efficace des populations de mouches des fruits, qui présente bien des avantages.
Elle requiert, en effet, une quantité extrêmement réduite d’insecticide, et ce uniquement dans les pièges sans aucune application de produit sur les fruits.
Elle est facile à utiliser : une fois les pièges installés, l’attractif et l’insecticide restent actifs pendant toute la durée de sensibilité des fruits, et les pièges ne sont retirés qu’en fin de campagne.
Elle permet de s’affranchir des traitements par taches répétés à base de spinosad, qui risquent d’entraîner, à moyen terme, l’apparition d’une résistance chez les mouches.
A la Réunion, cette méthode s’avère idéale pour les vergers d’agrumes de moyenne et de haute altitude, où seule C. rosa s’attaque aux fruits.
Pour les zones de basse altitude, la présence, parfois abondante, de Bactrocera zonata demeure un problème, car il n’existe pas encore pour les femelles de cette espèce d’attractifs aussi efficaces que pour les Ceratitis.