Publié le mardi 23 septembre 2014 - 09h56
Les dégâts de drosophiles demandent une attention de tous les instants et forcent à changer l’ordre de récolte habituel des cépages alsaciens.
La drosophile suzukii pond ses œufs dans les baies et provoque ainsi une pourriture, comme ici dans le Palatinat, en Allemagne. © M.CAILLON
« En 2014, les gewurztraminers rentrent avant les pinots gris. Cette inversion des rôles n’est pas habituelle, concède Cécile Esnault, technicienne à la cave du Roi Dagobert (1 000 ha de vignes), à Traenheim, dans le Bas-Rhin. Nous réceptionnons en urgence les raisins les plus abîmés et nous séparons les jus. »
À Dambach-la-Ville et à Eguisheim, plus au sud, la coopérative Wolfberger (1 200 ha) donne également la priorité aux raisins de couleur. « Gewurztraminer, pinot gris et pinot noir seront récoltés à hauteur de 80 à 90 % d’ici le 26 septembre. La population bactérienne est assez forte. Nous clarifions par flottation entre deux et six heures après la réception et nous procédons à un levurage rapide pour prévenir les accidents de volatile », confirme Jérôme Keller, son responsable technique.
UNE ODEUR DE VINAIGRE
Les drosophiles sont la principale raison de ces changements. Les viticulteurs réagissent à l’altération rapide de l’état sanitaire de leurs raisins. « C’est un phénomène récurrent en année précoce », note Cécile Esnault. « Les premières piqûres datent de la mi-août, signale Marie-Noëlle Lauer, du département viticole de la chambre régionale d’agriculture. Les pluies estivales, les débuts de matinée couverts et les températures de septembre ont favorisé leur développement. Dans les parcelles les plus touchées, une odeur de vinaigre pique le nez dès qu’on entre. Un tri sévère s’impose. »
Dans ce contexte, le vignoble bruisse des rumeurs les plus folles. Le « refus de lots de vendanges » attribué à Wolfberger est démenti par Jérôme Keller. De nombreux viticulteurs attribuent le pourri acide à la présence massive, selon eux, de drosophiles suzukii. Marie-Noëlle Lauer est moins affirmative : « Cette espèce, comme d’autres, existe en Alsace. Mais aujourd’hui, personne n’est en mesure de dire laquelle est responsable des dégâts. »
Deux points font cependant l’unanimité : la dégradation de l’état sanitaire risque d’affecter le volume de récolte estimé fin juillet à 1,17 million d’hectolitres ; et le riesling, cépage plus tardif, se porte bien. Son potentiel qualitatif 2014 est jugé très prometteur. Quant au crémant, récolté début septembr, il est d’ores et déjà tiré d’affaire !
Christophe Reibel
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